Le planning de chantier défaillant – Tout au long du mois de juillet 2022, nous donnons la parole à Eric Chauvin au sujet d’un problème souvent observé sur les chantiers : Le manque de collaboration et de cohérence entre la fonction de planification et celle d’exécution dans les projets de construction. Cette série estivale sur les écarts entre la planification et la réalisation des travaux dans la construction se déroulera sur 3 épisodes.

Le rôle d’un planning chantier

Eric, pourrais-tu, pour commencer, nous rappeler quelle est l’utilité de faire des plannings chantier dans les projets de construction ? Avant toute chose, rappelons qu’un projet de construction est réussi lorsque les objectifs SQDC (Sécurité-Qualité-Délais-Coûts) fixés par le Maître d’Ouvrage sont atteints.

Pour ce faire, les plannings de chantier, généralement sous forme de Gantt, sont des outils essentiels de préparation, de suivi et de communication au service des projets depuis la phase d’étude jusqu’à la phase de réception.

Plannings en phases de consultation des entreprises, d’études, d’exécution ; planning client, planning objectif,… Les plannings sont multiples ; mais de façon générale, pour les parties prenantes du projet, la planification vise à mettre sous contrôle et à améliorer :

– Les temps et les délais

– Les moyens et les ressources

– Les coûts et les marges

Quelle analyse fais-tu du problème de planification des projets et pourquoi attribuer ce qualificatif d’« épouvantail » aux plannings sur chantiers ? Il s’agit simplement d’une métaphore où les oiseaux représentent les entreprises et l’épouvantail le planning chantier qu’elles doivent suivre. Imaginez une scène qui se déroule en 4 actes :

Acte 1 : Le planning est distribué aux entreprises.

Au départ, les oiseaux sont éloignés et circonspects face à l’épouvantail. De la même manière, les entreprises semblent détachées et incrédules face au planning chantier. Elles soulèvent des objections et alertent sur le fait que les délais seront difficilement tenus. Elle peuvent être portées sur : manque de temps alloué, forte coactivité, problème d’ordonnancement des tâches, non continuité des travaux pour les équipes, non prise en compte de tâches connexes telles que la logistique et la manutention, etc…

Acte 2 : Les travaux commencent, le planning chantier est affiché dans les bureaux.

Peu à peu, les oiseaux commencent à picorer les cultures sans plus se préoccuper de l’épouvantail ! De façon similaire, les entreprises se désintéressent du planning. Elles organisent les travaux sur le chantier de manière à maximiser l’occupation de leurs équipes. Ces dernières sont loin de se préoccuper du chemin critique du planning chantier. Elles avancent avec pour principe que tout ce qui est fait n’est plus à faire !

Acte 3 : Les entreprises utilisent le planning chantier à leur avantage.

Progressivement, les oiseaux ont compris qu’un épouvantail peut faire office de bon perchoir ! De même, les entreprises utilisent les incohérences du planning ou les retards des autres entreprises « partenaires ». Notamment pour justifier les écarts entre les résultats SQDC attendus et ceux obtenus sur le chantier. Le planning chantier sert davantage à rechercher des fautes individuelles qu’à trouver des solutions collectivement.

Acte 4 : La conduite de travaux reprend en main les entreprises sur le terrain !

Finalement, l’épouvantail est jugé inefficace et il faut trouver un autre moyen de s’occuper des oiseaux. Pareillement, le planning est lui aussi peu à peu délaissé au profit d’outils plus simples et plus rapides pour coordonner, au jour le jour, le travail des entreprises (consignes orales, tableau blanc, Excel, mails, …). Malheureusement, ces outils de substitution ne permettent pas d’utiliser les fonctions avancées de la gestion de projet (calculs d’avancement, du reste à faire, du chemin critique…) proposées par les logiciels de planification de référence (MS Project ou Oracle Primavera pour ne citer que ceux-là).

Pour connaitre la suite de la série, c’est par ici !